Au-delà des transmissions – Embrasser sa puissance sexuelle

Dans les temps anciens, la « Déesse Mère » a été vénérée pour la puissance de ses organes génitaux…. Qu’est-ce que cette puissance est devenue à travers les siècles ? Comment la vivons-nous aujourd’hui, Femmes de 2022 ?

Au commencement des temps, la « Grande Déesse », nommée aussi « Déesse Mère » représentait le principe de fertilité, le ventre qui accouche de la création. Dans toutes les cultures anciennes se trouvent des traces de cet archétype de la fécondité, de « Celle qui donne la vie », qui porte, nourrit et protège ses enfants ; mais aussi de « Celle qui donne la mort », qui les avale et qui avec son vagin pourvu de dents, castre le sexe de l’homme. Sa puissance est sexuelle.

Les premières sociétés ignoraient le lien entre sexualité et reproduction, donnant à la femme le statut d’unique procréatrice. Elles étaient matriarcales, structurées en familles élargies matrilinéaires. L’enfant appartenait au clan de sa mère dont était exclu le géniteur. La sexualité y était libre ; il n’y avait ni fidélité, ni jalousie, ni marchandage du sexe. Les couples étaient des unions temporaires à durée déterminée. Les mères y étaient propriétaires de tout : enfants, maisons et terres. Les affaires internes étaient gérées par les femmes, alors que les affaires externes étaient déléguées aux hommes. La femme détenait le pouvoir mais ne l’exerçait pas. L’homme exerçait donc ce pouvoir, mais ne le détenait pas. Quels temps paradisiaques !

Qu’est-ce que le pouvoir des femmes est devenu ? Comment le patriarcat a pris le dessus ? Il semble probable qu’en ayant compris leur participation à la procréation, les hommes aient voulu récupérer leur part en termes de possession et de pouvoir. L’on peut imaginer que, dès l’aube des temps, ils aient cherché à compenser le pouvoir de la femme d’enfanter. Ainsi, se mirent-ils à user de leur force et à verser du sang en faisant la guerre. A défaut de donner la vie, l’homme se permit de l’ôter. Et pour assoir son pouvoir, l’homme déposséda la femme du sien.

Cette longue guerre entre les sexes a laissé des traces, dans nos lignées, dans nos transmissions, dans nos inconscients et dans nos corps.
Mais ce qui pour nous, Femmes de 2018, est le plus présent encore, c’est l’impact du code civil Napoléonien de 1802, qui instaure une totale subordination de la femme. Elle est privée de toutes ses droits et devient juridiquement incapable. Elle doit obéissance à son mari, qui devient l’unique arbitre de sa destinée. Elle ne peut lui refuser un acte sexuel, sauf s’il est contre nature.

Désormais, ni son destin ni ses organes sexuels ne lui appartiennent. Ils sont « à lui, pour lui, pour son besoin, à sa disposition ». Sa destinée passe par « lui ». « La femme mariée est une esclave qu’il faut savoir mettre sur un trône », dira Balzac. Et un triste sort attend la femme non mariée, la vielle fille, ou pire la pute. La prostitution est considérée comme indispensable. Les prostituées sont maintenues dans des maisons closes, sous la surveillance humiliante de l’administration et de la police. La recherche en paternité est interdite et ce jusqu’en 1912. Les filles séduites, abandonnées ou violées n’ont aucun recours. Le code napoléon a « bétonné » la scission de la femme en sainte ou pute.

La reconquête de nos droits fut longue. En 1907, les femmes obtiennent le droit de disposer de leur salaire. En 1938, elles retrouvent une capacité juridique restreinte. En 1944, elles ont le droit de voter et de se faire élire ! Et en 1965, les femmes peuvent gérer leurs bien propres, ouvrir un compte en banque et travailler sans l’autorisation de leur mari !

C’est à partir de 1968 que notre corps fut de nouveau à nous. L’année 1967 voit naître l’autorisation de la contraception. En 1975, la loi Veil autorise l’avortement, et le droit de divorce se libère. Un arrêt de la cour de cassation de 1990 condamne enfin le viol entre époux.
Cela fait plus de 50 ans que nous avons retrouvé le droit de décider de notre destin, et 30 ans que nous disposons de nos organes génitaux à notre guise, quel que soit notre état civil.

Nous jouissons d’une liberté extraordinaire et unique aujourd’hui. Bien souvent, nous n’en sommes pas suffisamment conscientes, car nous avons été élevées par nos mères et grand-mères qui, elles, ont vécu une toute autre réalité. Ces transmissions de « Qu’est-ce que c’est une femme ? » et « À quoi a-t-elle droit ? » continuent à agir en nous, dans nos inconscients et dans notre mémoire corporelle en dictant nos comportements.

Nous croyons bien souvent toujours que « ça passe par lui ». Donc nous essayons de faire passer notre désir par lui, comme l’ont fait nos grand-mères et nos mères : en cherchant son approbation, en le manipulant, en lui « faisant la gueule », en voulant qu’il fasse « exactement comme nous voulons ». Ah ! Quelle énergie nous pouvons dépenser à essayer de le changer !!! Investissons-là plutôt à nous appuyer sur notre différence, pour assumer ce que nous voulons, pour le porter, le proposer, et le faire, s’il le faut, tout simplement nous-mêmes. Et tant pis s’il ne comprend pas, ou s’il n’est pas d’accord ! Car aujourd’hui, cela passe par nous !

Réhabilitons notre puissance sexuelle des origines en investissant nos organes génitaux, en les habitant, de l’intérieur. Dépassons le trauma transgénérationnel du « devoir conjugal » en explorant la sensualité dans les profondeurs de notre vagin. Lâchons notre peur d’être une pute, permettons-nous d’être désirante et vibrante, sans crainte de devoir assouvir « son » désir. Souvenons-nous qu’il n’y pas de scission entre mère et amante, mais que les deux se réalisent à partir de la même énergie sexuelle, celle de la femme. Abandonnons la pression sur notre corps et notre performance sexuelle. Traquons les vielles transmissions qui s’expriment par des peurs. Lâchons le contrôle et permettons-nous de jouir. Incarnons notre nature sexuelle sacrée : la connexion à la source de toute vie.

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